Tout sauf le blocage
Après le premier volet de l’affaire Copwatch, où le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a réclamé (et obtenu) auprès de la justice le blocage du site copwatchnord-idf.org, il était évident que les copies du site d’origine allaient se multiplier sur la Toile…
A défaut d’être parvenu à obtenir le blocage de près d’une trentaine de sites miroirs répertoriés, une demande jugée « inconcevable » par le Tribunal de Paris, le ministre concentre donc ses efforts sur la nouvelle adresse principale du site, https://copwatchnord-idf.eu.org/.
Dans son ordonnance, le Tribunal de Grande Instance de Paris a ordonné un blocage effectif de ce site, par tous les moyens possibles, y compris techniques (blocage DNS ou IP). Mais les opérateurs assignés disposent tout de même d’une petite marge de manoeuvre, puisque l’injonction les autorise à mettre en place ce blocage « directement ou indirectement », « par eux-mêmes ou par des tiers ».
Free, en tant qu’opérateur assigné comme les autres dans le cadre de cette affaire, a donc choisi de contacter l’hébergeur du site, eu.org, selon le principe de subsidiarité. Dans cette lettre, le fournisseur d’accès demande à Pierre Beyssac, co-fondateur de l’hébergeur, de considérer la possibilité de mettre volontairement hors-ligne le site de Copwatch, voire même d’en suspendre le nom de domaine.
Le FAI met en avant des raisons très pragmatiques : en cas de blocage IP ou DNS, les conséquences sont forcément lourdes, avec un risque de « surblocage » d’un site ou d’un ensemble de sites. Pire, dans le cas d’un blocage DNS, certains opérateurs n’auraient pas d’autre choix que de bloquer l’ensemble du domaine eu.org, soit près de 20 000 sous-domaines sans aucun lien avec Copwatch !
Plutôt que de recourir à de telles possibilités, techniquement lourdes de conséquences et pourtant aisément contournables, Free suggère donc au fournisseur la désactivation volontaire des pages ciblées, ce qui rendrait inutile la mise en place de mesures techniques du côté des opérateurs.
Sur son blog, Pierre Beyssac, qui précise n’avoir été contacté par « aucun autre fournisseur, ni aucun des plaignants, ni leurs avocats » dans cette affaire, ne tranche pas. Il indique simplement avoir transmis la demande de Free à Copwatch. Affaire à suivre…